Mes deux cerisiers, mécènes des cieux,
Fournissent des fruits aux sucres délicieux,
Transforment leurs branches en nombreux perchoirs
Pour les oiseaux venus se reposer au soir.
A la floraison, ils ont prolongé l’hiver
Jetant leurs pétales comme les flocons d’hier.
La fruition attendit la fin des pluies
Pour émerveiller les branches de leurs rubis.
Le vol nerveux des ramiers s’est alourdi,
S’échappant par dizaines des tiges fléchies.
Comme des voleurs en bandes organisées
Ils ont pillé les tours aux ramures blessées.
Le soleil a transformé les pierres en perles
Noires que les pies ont accrochées à leur cou.
Pour partir au bal de leurs cousins les merles,
Elles prirent les fruits ne laissant rien du tout.
Ou si peu, les ultimes cerises flétries
Ont accueilli l’appétit des mésanges.
En frénétiques et discrètes souries,
Elles éparpillèrent dans un joyeux mélange
Restes de fruits en grappe déchiquetés,
Noyaux et liges parfois encore attachés.
Le chat resta stoïque sous cette mitraille.
Il avait tenté en vain l’assaut des murailles
A mi-chemin personne ne contrait sa charge,
Les oiseaux gros ou petits avaient pris le large.
Il ne nous reste plus maintenant que les feuilles
Qui couvriront très bientôt, mais sans orgueil,
D’un linceul doré, l’herbe et les restes séchés
De cette belle orgie de ce début d’été.
Les voleurs nous laisseront-ils pour l’heure
Profiter des autres fruits rouges à cœur ?